Qu’un accompagnateur en montagne propose des randonnées au départ de Sentein dans le Biros en Ariège-Pyrénées devant l’office de tourisme, n’a rien d’extraordinaire. C’est même banal. Ils sont des dizaines à le faire sur toutes les Pyrénées. Proposer des randonnées à thème peut être attractif sur le plan commercial, pourquoi pas? Les thèmes présentent bien souvent un certain intérêt qu’ils soient naturalistes, historiques, techniques… Mais le problème devient plus délicat lorsque le thème est clairement annoncé: «Ours brun»
Christophe Popelin, accompagnateur en montagne dans cette vallée du Couserans depuis plusieurs années est bien connu pour être un «pro-ours» comme d’autres sont connus pour être des «anti-ours». Même si les regards sont parfois froids, la cohabitation existe et ne faisait l’objet d’aucune manifestation. L’été dernier un éleveur nous disait: «Il faut entendre les conneries qu’il raconte sur le pastoralisme… il n’y connait rien… Mais s’il trouve des pigeons pour payer, tant mieux pour lui»… suivi d’un sourire qui en dit long. C’est un point de vue. D’ailleurs, ils sont nombreux ces professionnels de la montagne à parler de pastoralisme sans le connaître et sans jamais parler à un éleveur / berger des Pyrénées. Certains viennent même des Alpes avec des clients pour parler d’un pays qu’ils ne connaissent mais pour lequel ils ont de l’à priori et des clichés tout fait. C’est ainsi… C’est le business de la randonnée et surtout du tourisme.
Mais le problème nouveau pour Christophe Popelin est tout autre. Cette année, il fait sa promotion sur le site Web de Férus. Erreur fatale. Nous pouvons y lire: «Christophe Popelin organise ce dimanche 28 avril sa première sortie en tant qu’animateur du réseau local Pyrénées de FERUS.». Le Réseau Local Férus, ceux-là qui ont organisé des vigies par ailleurs qualifiées de «milices» pour surveiller, entre autre, les éleveurs dans leurs comportements et pratiques. Et il est précisé: «Il s’agit d’une randonnée thématique «Ours brun» qui se fera en montagne dans la vallée du Biros (09800 Ariège)….. RDV au village de Sentein (09800) devant l’Office du Tourisme du village à 9h…… Tarifs: 5 euros pour les adhérents FERUS; sinon 10 euros. Venez nombreux! Sorties prévues tous les derniers dimanches des mois avril/mai/juin/septembre/octobre/novembre»
Imaginer une telle sortie, avec une annonce publique sur Internet, au cœur d’une vallée qui souffre des prédations au quotidien, il ne fallait pas être bien malin pour penser qu’elle ne se ferait pas manifestation.
Selon les contacts que nous avions eus, les éleveurs avaient l’intention de s’inviter à la sortie du dimanche… «histoire de changer» nous avaient-ils dit. La sortie était prévue dimanche 26 mai. «On ne l’embêtera pas, juste faire la sortie… viens prendre des photos»…. En définitive les éleveurs abandonneront la sortie et certains ont juste manifesté leur désapprobation par une banderole manifestement réalisée spontanément. Une sorte de publicité puisque Christophe Popelin en a fait un fromage!
Il existe une règle sacrée chez les écologistes qui veut qu’on ne conçoit pas et on n’imagine pas que d’autres est des idées différentes des leurs. Ils veulent toujours discuter, tendre la main mais à la condition qu’au final ce soit leurs idées qui soient acceptées. C’est curieux, mais il suffit juste de le savoir pour ne pas donner trop d’importance à ce qui devient rapidement leurs exigences. Ainsi, une banderole hostile à la présence de l’ours devient intolérable devant des clients auxquels il ne pouvait être présenté qu’une seule vision de la situation: la sienne. C’est ce qui s’appelle le règne de la pensée unique… système bien connu dans toutes les dictatures. Et pourtant, la banderole était bien inoffensive avec ces quelques mots écrits spontanément «Vous les voules Vous les gardes - S’ils sortent Ils sont morts». Les fautes d’orthographe prouvent qu’il n’existait pas une organisation structurée pour manifester. La photo ci-dessus prise quelques minutes avant le départ de la randonnée ne fait apparaitre aucune milice prête à attaquer. Mais voilà, chez un écologiste, toute hostilité prend des proportions phénoménales puisque eux seuls ont le droit d’exprimer une opinion et de manifester. Toutes manifestations d’autres personnes deviennent dangereuses pour tout le monde.
Heureusement, le ridicule ne tue pas. Un éducateur à l’environnement normal aurait profité de ce panneau pour expliquer à ses clients une certaine vision de la présence de l’ours afin de disposer de tous les éléments d’appréciation. Non! Christophe Popelin n’est pas un éducateur à l’environnement c’est un éducateur sportif (Brevet d’état d’alpinisme, option accompagnateur en montagne) militant d’une association écologiste sectaire: Férus. Il n’est donc pas question de présenter tous les volets de la problématique ours. Il est là pour dispenser la bonne parole de l’écologie profonde, celle d’une association qui, au cours de son histoire a été ponctuée de manipulation et de mensonges. La dernière en date concerne «Pastoraloup». Ainsi donc, des idées différente deviennent dangereuse (discours similaire dans les sectes). Il faut montrer le danger: on appelle les médias dont certains étaient déjà au courant et s’amusaient. Et il faut protéger les clients: on appelle les gendarmes.
Le comble du personnage se trouve dans ses déclarations à un journal local auquel il dit: «Je suis profondément indigné parce qu’en tant que professionnel de la montagne, l’ours fait partie des thématiques comme tant d’autres que j’aborde lors de mes sorties. Je refuse de participer à la loi de l’omerta par rapport au sujet de l’ours en Ariège. Durant mes randonnées, j’aborde le sujet sous l’angle scientifique et naturaliste car l’animal est présent sur ce territoire». Et bien justement, il impose l’omerta de l’opposition à l’ours à ses clients et il n’aime pas qu’on lui montre le contraire. Il «aborde le sujet sous l’angle scientifique et naturaliste». Rigolons. Son professionnalisme c’est un diplôme d’éducateur sportif pas un naturaliste et encore moins et scientifique. Et il poursuit auprès de ce média complaisant: «Je trouve qu’il y a un laisser-faire partisan dans ce département par rapport à ces exactions». Il a parfaitement raison. On ne devrait pas laisser l’opposition s’exprimer. Ça, c’est le côté dictature de l’écologie profonde qui ressort…. Les relations douteuses de ce milieu… Et il insiste: «Dès le moment où il est question de l’ours dans ce département, on est pris à partie pour savoir dans quel camp on se trouve. Je veux juste avoir la liberté de pouvoir m’exprimer sur ce sujet avec un discours de naturaliste». Curieusement, l’autre partie pourrait dire la même chose. Mais comme ils sont plus ouverts, ils ne le disent pas. Ils laissent Christophe Popelin faire son métier. Ils expriment simplement et pacifiquement leur ras le bol de voir leur outil de travail saccagé par des ours. Quoi de plus normal. D’autant qu’eux paient un droit d’usage de l’espace pour y faire pacager leur bête. Christophe Popelin l’utilise gratuitement pour encaisser des honoraires de ses clients. N’y aurait-il pas comme un petit aspect discriminatoire où l’accompagnateur en ressort largement bénéficiaire? Est-il normal qu’il fasse gratuitement du commerce sur un espace publique? Un sujet à creuser….
Il dit qu’il fait ses commentaires sur des rapports officiels de l’ONCFS… Quelle science! Il y aurait tant à dire que les rapports de Pierre-Yves Quenette… Au fait lesquels? Parce qu’ils se contredisent parfois… Certains trouvent même que l’ours est herbivore…. Bref! Pour Christophe Popelin: «La coupe est un peu pleine et ce n’est qu’un fait parmi tant d’autres». Et pour les éleveurs qui ont près de 300 brebis massacrées dans ce secteur, la coupe est-elle vide? Curieuse mentalité écologiste que de ne penser qu’à soi. Mais c’est dans la culture de cette mouvance. Il suffit de le savoir pour en sourire même si cela devient quelque peu pénible. Et puis, la montagne est tellement vaste… Il pourrait faire visiter d’autres vallées à ses clients… Il faut savoir diversifier l’offre touristique.
Les clients se sentant en danger ou peut-être que Christophe Popelin avait peur… lui qui vit dans la vallée, il appelle les gendarmes. Et là, deux militaires de la gendarmerie arrivent de Saint-Girons. Pour faire quoi? Rien. Il ne se passe rien. Mais ce montagnard touristique a peur. Peur d’une embuscade comme à l’époque des bandits de grand chemin. On croit franchement rêver. Quel montagnard courageux. Je ne sais pas s’il est très prudent de partir avec lui.
Pour calmer le jeu, et en l’absence de vie autour de ce panneau qui fait bien rire dans le village, les deux gendarmes vont tirer le maire, Guy Carrieu, de sa léthargie matinale dominicale. Le premier magistrat se rend sur le lieu du délit pour constater que cette banderole d’expression ne gênait pas la circulation ni l’ordre public. Il n’y avait donc aucune raison de la retirer. Et elle est resté en l’état, que cela plaise ou non à la dictature de la pensée écologiste. Dommage pour Christophe Popelin mais la liberté d’expression existe encore en France. Ce serait peut-être différent si ses amis parvenaient au pouvoir. Mais ce n’est pas le cas.
La banderole a été retirée le lundi matin par l’employé municipal, par ailleurs éleveur-berger, qui n’avait pas été à l’origine de cette expression.
Pour Christophe Popelin: «Il est temps de faire comprendre que ces gens ont la possibilité de faire entendre leurs voix dans un cadre légal. Je trouve qu’il y a un laisser-faire partisan dans ce département par rapport à ces exactions». Eh bien, justement. Les éleveurs font entendre leur voix dans un cadre légal. Sans violence. La preuve: aucun PV et le maire a laissé cette banderole tout le dimanche et jusqu’au lundi matin. Le problème est le même avec tous les écologistes. Ils veulent imposer leur point de vue et être les seuls à pouvoir s’exprimer. Mais la démocratie n’est pas à sens unique. Et ça, ils ne le comprennent pas. Une chose est certaine. Vouloir faire une randonnée naturaliste dans cette vallée qu’il connait, sur le thème de l’ours, avec l’appui de Férus, c’est, à l’évidence, et même s’il en a le droit (il n’a pas été empêché) un acte provocateur.
Louis Dollo, le 27 mai 2013