Le Monde des Pyrénées

Recommandation de l’UICN pour la protection de l'Ours brun dans les Pyrénées

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Réunis le 27 juin 2011 à Paris pour la 10ème édition du Congrès français de la nature, les organismes et les experts du Comité français de l’UICN ont adopté 13 nouvelles recommandations sur les enjeux de la biodiversité (politique générale, écosystèmes, aires protégées, outre-mer, espèces..) Une des deux recommandations «espèces» concerne la protection de l’Ours brun dans les Pyrénées. Une démarche assez curieuse qui nécessite quelques commentaires.

- Protection de l’ours brun dans les Pyrénées

Rappelant que les Pyrénées constituent l’un des grands ensembles naturels de France métropolitaine et qu’elles abritent l’ours brun depuis des dizaines de milliers d’années;

Constatant que la population d’ours brun est aujourd’hui limitée, selon les derniers recensements, à une vingtaine d’individus répartis en deux noyaux distincts, dont l’un situé dans les Pyrénées occidentales qui ne comporte plus que deux mâles depuis février 2010;

Notant que l’ours brun est l’un des deux mammifères de France métropolitaine classé dans la catégorie «en danger critique d’extinction» dans la Liste rouge nationale des espèces menacées;

Rappelant les obligations de l’Etat français vis-à-vis de la Directive européenne «Habitats» et de la Convention de Berne quant à la préservation stricte de cette espèce sur son territoire;

Approuvant les conclusions de la mission d’expertise réalisée en 2005 par le co-président du Comité d’experts pour les ours bruns européens du Groupe de spécialistes de l’UICN sur l’ours, dont les recommandations étaient de renforcer la population ursine des Pyrénées en procédant au relâcher d’ours principalement femelles et en donnant la priorité aux Pyrénées occidentales;

Considérant les difficultés que peut poser la présence de l’ours dans les Pyrénées pour l’exercice des activités humaines, en particulier l’élevage de montagne qui s’exerce dans un contexte économique difficile;

Rappelant cependant les efforts de l’Etat pour assurer la coexistence de l’ours et des activités humaines, en particulier à travers le plan de soutien au pastoralisme doté de 48 millions d'euros sur la période 2007-2012, qui subventionne notamment la protection et le gardiennage des troupeaux et l’indemnisation systématique des pertes dues à l’ours;

Considérant également que, dans des contextes socio-économiques similaires, la cohabitation entre l’Homme et l’ours brun est une réalité assumée et organisée dans de nombreux pays d’Europe;

Considérant en outre que, si la Stratégie nationale pour la biodiversité ne se résume pas à une addition de plans de sauvegarde d'espèces, l'abandon d'une espèce emblématique qui est l’un des symboles les plus populaires de cette biodiversité ôterait beaucoup de crédibilité à cette stratégie;

Rappelant l’engagement pris par l’Etat français en juillet 2010, par la voix de la Secrétaire d’Etat chargée de l’écologie, de remplacer désormais les ours tués ou morts accidentellement et, dans cet objectif, de procéder au relâcher en 2011 d’une ourse femelle dans les Pyrénées occidentales pour remplacer l’ourse Franska tuée par une collision automobile en 2007;

Rappelant également que, au regard des expertises scientifiques réalisées, le remplacement des ours tués ou morts accidentellement demeure un engagement minimaliste, qui devrait être complété par l’apport d’autres ours pour obtenir une taille de population viable et assurer toutes les chances de maintien de l’espèce dans les Pyrénées;

Regrettant enfin la récente décision du Gouvernement français de renoncer à son engagement de relâcher cette année une ourse dans les Pyrénées occidentales; Le Congrès français de la nature, réuni le 27 juin 2011 à Paris, France, pour sa 10ème session, demande au Gouvernement français de:

1. Respecter les engagements pris en 2010, au terme de cinq années de concertation avec tous les acteurs, pour remplacer les ours tués ou morts accidentellement dans les Pyrénées;

2. Relâcher au plus vite, comme il l’avait annoncé, une ourse femelle dans les Pyrénées occidentales;

3. Relancer un nouveau plan national d’action pour l'ours brun avec pour objectif d’atteindre une population viable dans les Pyrénées;

4. Concrétiser la Stratégie pyrénéenne de valorisation de l’ensemble de la biodiversité, par la mise en place d’un plan d’action précis et d’un plan de financement pour la conservation de l’ours brun et de toutes les espèces et de leurs habitats, en prenant en considération l’ensemble des activités humaines;

5. Créerles conditions d’une coopération transpyrénéenne avec les autorités espagnoles pour la protection de l’ours brun.

Source: UICN

- Commentaire sur cette déclaration

Alors que, jusqu’à maintenant, l’UICN n’avait jamais pris aucune recommandation concernant l'ours brun dans les Pyrénées, c’est quelques jours après la décision du Président de la République, Nicolas Sarkozy, de ne pas introduire de nouveaux ours que cette déclaration se manifeste. Difficile de ne pas y voir un lien. Manifestement, les organisations écologistes n’apprécient pas que leurs exigences ne soient pas suivies d’effets.

Les considérants relèvent bien souvent du fantasme littéraire ou d’appréciations idéologiques. Pour eux, les Pyrénées, sont un espace sauvage, sans vie et sans activités humaines hormis quelques bergers empêcheurs de tourner en rond. «Rappelant que les Pyrénées constituent l’un des grands ensembles naturels»: grâce à qui? Ce n'est jamais précisé mais ce n'est pas grâce aux écologistes. C'est bien grâce aux bergers et éleveurs, avec leurs bêtes, qui, depuis des millénaires, entretiennent ces espaces ouverts et fermés selon des pratiques "raisonnables". Ils ont peut-être, à ce titre, droit à un minimum d’égard et de reconnaissance en pouvant donner leur avis sur leur avenir et l’avenir de leur territoire sans que d’autres ne prennent leur place.

La directive habitats comme la Convention de Berne n’imposent rien. Pour l’une c’est à l’Etat d’étudier l’opportunité et pour l’autre ce sont des recommandations. Mais dans les deux cas, l’acceptation sociale est une condition de la réalisation d’une introduction d’espèces. Cet aspect est occulté puisqu’idéologiquement, pour ces ONG, l’homme est un intrus qui doit être exclu voir même éliminé.

L’expertise réalisée en 2005 est faite sur des bases fausses et mensongères, totalement manipulée, notamment au niveau des sondages. Et puis 2005 n’est pas 2011. Prétendre que la problématique de l’élevage face à l’ours est liée au contexte économique est totalement faux. Il suffit de vivre en estive pour comprendre qu’il n’existe aucun lien. Pur amalgame mensonger pour justifier l’injustifiable.

Il est faux et mensonger de prétendre que «la cohabitation entre l’Homme et l’ours brun est une réalité assumée et organisée dans de nombreux pays d’Europe». Dans le monde entier les mêmes problèmes existent sans aucune exception. Il est tout aussi mensonger de lier l’acceptation au montant des aides perçues d’autant qu’elles ne sont pas toutes spécifiquement liées à l’ours mais liées au milieu, à l'environnement (conditionnalités agro-environnementales) et au type d'élevage. Les sommes affectées au plan Ours sont, dans leur très grande majorité (plus de 75%) détournées de l’élevage et des territoires au profit d’une administration pour la promotion de l'ours (ADET: 120.000 Euros) et aides en tous genres aux associations écologistes notamment l’ADET-Pays de l’ours.

La biodiversité ne se limite pas à une espèce emblématique. Si la biodiversité pyrénéenne et dite «remarquable», ce n’est pas grâce à l’ours mais grâce aux éleveurs et leurs bêtes depuis des millénaires comme indiqué plus haut.

Qu’est-ce qu’une population viable d'ours? Pour certains c’est 50 ours, pour d’autres, c’est 300. Vu le peu de sérieux des réponses dans ce domaine autant dire qu’il est impossible de croire qui que ce soit. Aujourd’hui c’est 50 pour faire passer la pilule. Lorsqu’il y en aura 50 on dira c’est 100 et ainsi de suite. C’est la méthode classiquement utilisée par les organisations écologistes. Peu fiable! D’autant qu’il existe de gros problèmes à 20. Imaginons ce que ce serait à 50…. Pas sérieux!

Les demandes de l’UICN ne sont nullement issues d’une analyse scientifique mais sont uniquement basées sur des revendications militantes des associations environnementalistes. Reprenons les demandes de l’UICN point par point.

"Respecter les engagements pris en 2010, au terme de cinq années de concertation avec tous les acteurs, pour remplacer les ours tués ou morts accidentellement dans les Pyrénées"

Il s’agit ici d’une allusion au travail du Groupe National Ours (GNO). Aucun des acteurs territoriaux concernés n’a voulu y participer. Ce groupe ne représentait que des administrations et quelques associations écologistes dont certaines ne sont pas domiciliées dans les Pyrénées. Le Ministre Borloo a fini par admettre que le dialogue devait se faire dans le cadre du Comité de massif et, comme le réclamait l’ADDIP, en tenant compte de l’ensemble de la biodiversité et non uniquement d’une espèce emblématique. Aucune des décisions ou rapports adoptés par le GNO n’est reconnu par les acteurs locaux. Inutile d'en faire état.

"Relâcher au plus vite, comme il l’avait annoncé, une ourse femelle dans les Pyrénées occidentales"

Ce positionnement est typique d’un comportement de dictateur. Pour ce faire, il y a des règles dictées par l’Europe (Convention d’Aarhus la Directive Habitats (articles 2 et 22 notamment), la Constitution (Charte de l’Environnement), la loi française via le Code de l’Environnement. Tous prévoient la participation et l’information du public concerné durant le déroulement de l’élaboration du projet et au final une consultation publique. Nous ne sommes plus aujourd’hui à l’époque où nous devions accepter le fait du Prince c’est-à-dire la décision unilatérale d’un Ministre manipulé par des associations d’écologistes sectaires. L’UICN est manifestement d’un autre âge sur le plan de la gouvernance démocratique.

"Lancer un nouveau plan national d’action pour l'ours brun avec pour objectif d’atteindre une population viable dans les Pyrénées"

Là aussi, il faut respecter les mêmes règles que ci-dessus. Et si les acteurs concernés n’en veulent pas, ce sont eux qui ont le dernier mot à travers une consultation publique.

"Concrétiser la Stratégie pyrénéenne de valorisation de l’ensemble de la biodiversité, par la mise en place d’un plan d’action précis et d’un plan de financement pour la conservation de l’ours brun et de toutes les espèces et de leurs habitats, en prenant en considération l’ensemble des activités humaines"

La procédure est en cours et avance. Mais sans l’ours car personne, hors les associations écologistes, ne veut d’ours. C’est aussi ça la démocratie: respecter la volonté du peuple.

"Créer les conditions d’une coopération transpyrénéenne avec les autorités espagnoles pour la protection de l’ours brun"

Cette coopération existe. Mais si la partie espagnole n’a manifestement pas trop envie d’ours, ce n’est pas à l’UICN de décider.

Nous voyons ici que l’UICN, comme sa source de financement, le WWF, n’aime pas la démocratie. Elle aime imposer sa volonté dans l’opacité scientifique la plus totale. Il est à regretter que le Muséum d’Histoire Naturelle (français) soit complice, de manière active, de ces procédés forts peu respectueux de l’homme. Un peu plus de considération à l’égard des populations confrontées au quotidien aux problèmes d’ours et de loups favoriserait sans doute le dialogue. Mais la vraie question est de savoir si ces ONG de la défense de l’environnement ont vraiment intérêt à créer les conditions d’un dialogue paisible. Pour des raisons strictement financières n’ont-ils pas intérêt à entretenir un conflit permanent?

Louis Dollo, le 26 janvier 2013