Le Monde des Pyrénées

Ils veulenttoujours deux ourses dans le Béarn - La grande magouille entre Parti Socialiste et Europe Ecologie en Aquitaine

Logo Facebook
Contact
Vous êtes ici: Accueil > Faune-Pyrenees > ours > Introductions > France > 2016-Projet-Introduction-Ours-Bearn-Espagne >

Lorsqu’il s’agit d’introduire des ours dans les Pyrénées, il est légitime de penser qu’il s’agit d’une décision qui, in fine, concerne la biodiversité. La réalité est très lointaine des intentions affichées et concerne beaucoup plus des orientations idéologiques, financières et politiques souvent difficiles à comprendre. C’est dans cet esprit intellectuel tortueux que le sujet sera abordé au comité de massif des Pyrénées le 1er juillet 2016 dans le cadre du volet «ours» dans l’élaboration de la Stratégie Pyrénéenne de Valorisation de la Biodiversité (SPVB) et que la région Aquitaine aurait l'intention de proposer l'introduction de deux ours en Béarn.

Publiquement, tout part d’un article de presse de la République des Pyrénées assez mal informé ou dont l’auteur n’aurait pas tout compris. Les grandes manœuvres se situaient ailleurs.

Nous passerons sur l’historique des introductions antérieures réalisées sans le respect de l’article 22 de la directive habitats c’est-à-dire sans aucun avis des personnes concernées. La même procédure dictatoriales avec la bénédiction de la Commission Européenne s’est déroulée début juin pour le lâcher d’un mâle à Isil dans l’Alt Aneu (Catalogne) d’un ours qui, en définitive, se trouve, on ne sait pas très bien où (non-respect de la convention européenne d’Aahrus sur l’information du public traduite en droit français) en France.

- Deux ours en Béarn: une vieille histoire

En 2011, le projet d’introduction de deux ours en Béarn de l'ONCFS tombe à l’eau suite à une consultation publique sans appel dont les résultats n’ont jamais été publiés officiellement. En fait, il s’agissait d’une décision du Président de la République d’alors, Nicolas Sarkozy, prise en mai 2011 sur intervention directe du Président de CPNT de l’époque, Frédéric Nihous, suivi, discrètement, (et inutilement puisque la décision avait été prise) par le socialiste Jean-Louis CHAUZY, Président du CESER (Conseil Economique, social et Environnemental) de la région Midi-Pyrénées.

Le même projet a été représenté l’année suivante par les associations ADET et Ferus mais n’a pas été suivi d’effet. Depuis, les mouvements écologistes soutenus par Europe Ecologie-Les Verts, n’ont de cesse que de rêver au lâcher de deux femelles pour copuler avec les deux mâles des Pyrénées Occidentales, l’un dans les Hautes-Pyrénées et l’autres entre le Béarn et l’Espagne, en espérant faire des petits.

Aucun de ces projets n’ayant aboutis, les écologistes en font une plate-forme politique pour exister.

- La magouille politique

La majorité du Conseil Régional d’Aquitaine n’est faite que de compromis et compromission entre les Parti Socialiste et ses alliés, notamment Europe Ecologie. Pour valider un récent compromis (c’est toujours évolutif avec ses gens-là) il est imaginé une «feuille de route» entre les deux partis politiques impliquant la proposition d’introduction de deux ours dans le cadre des discussions au sein du Comité de massif. Un moyen pour influer sur les élus de gauche et EELV majoritaire au comité de massif pour transgresser les positions hostiles toujours adoptées jusqu’à maintenant sous la co-présidence d’un autre socialiste, François Maïtia.

A la tête de toutes ces manœuvres, Jean-François Blanco, l’avocat du FIEP, tristement célèbre par la haine développée à l’égard du chasseur qui avait "tué en état de nécessité" l’ourse Cannelle en vallée d’Aspe. L’avocat, devenu vice-Président du Conseil Régional, voit s’ouvrir d’autres horizons pour développer ses idées. Frédérique Loubet-Porterie, Présidente du Tribunal de Pau dira à l’occasion de ce procès: «En plus de vingt ans de magistrature, je n'ai jamais vu un tel déchaînement, même pour des crimes commis sur des enfants.»

- La même procédure avec l’Espagne

Profitant du changement de municipalité, les écologistes n’hésitent pas à dire que le maire d’Isaba dans la vallée de Roncal serait d’accord pour un lâcher sur sa commune. Nous n’en avons pas encore la confirmation. Mais ces mêmes écologistes envisagent-ils le même coup de manipulation qu’avec la Catalogne sans l’avis de personne? Tout est possible. Mais…….

- Une opportunité avec Natura 2000

Isaba se situe juste derrière la station de La Pierre Saint Martin dans laquelle le Conseil Départementale a investi 24 millions d’Euros avec l'accord de l'Etat moyennant un certain nombre de compensations écologiques sur ce territoire couvert par Natura 2000. Une aubaine pour protéger deux ourse qui, probablement, ne resteront pas sur ce territoire touristiques sauf pour venir de temps en temps se restaurer de quelques brebis comme ce fut le cas par le passé. Mais là encore, tout ceci n'était que petits arrangements de famille avec l'ancien Conseil Général à majorité socialiste... encore les mêmes. Le nouveau Conseil Départemental (ex-général) a majorité non socialiste, a une vision plus réaliste de la situation. C’est alors que l’Etat fait pression pour que soit mis en place un comité de suivi qui serait, évidemment, favorable à la présence d’une espèce dit «prioritaire» comme l’ours et, par la suite, le loup, voir même le lynx avec déjà un lâcher douteux d’un Parc Animalier aragonais.

- Et l’IPHB?

Comme toujours lorsqu’il est question d’ours en Béarn, l’IPHB est mise au banc des accusés. Il est tellement plus facile de critiquer que de construire. Mais surtout, depuis de nombreuses années, le Conseil Régional cherche la solution pour ne pas payer sa contribution. Problème pour eux, ils perdent toujours et doivent payer. Mais comme il est difficile de les impliquer dans cette affaire d’ours, par l’intermédiaire du sous-préfet la pression est mise pour modifier, sans nécessité évidente, les statuts de l’IPHB. Autre forme de magouille politique pour régler ses comptes avec un président, Jean Lassalle, qui ne partage pas la même opinion que le Président et le Vice-Président du Conseil Régional. Mais sur ce point, Jean Lassalle est ferme: «je ne convoquerai aucune réunion sur ce sujet et ça ne sera pas inscrit à l’ordre du jour».

Ce qui fait dire à quelques esprits illuminés que l’IPHB ne se préoccupe pas de l’introduction de deux ours. Ce qui est normal. La question des introductions d’ours a été tranchée à de nombreuses reprises. Pourquoi toujours revenir sur un refus d’introduction? L’IPHB a mieux à faire dans le développement durable des vallées d'Ossau d'Aspe et de Barétous.

A la lumière de ces quelques informations, et d’autres ne manqueront pas d’apparaître notamment sur le plan des syndicats agricoles, nous voyons que l’ours n’est en aucune façon un sujet d’environnement, d’écologie ou de biodiversité. C’est avant tout un sujet politique d’une minorité écologiste qui cherche à imposer ses visions idéologiques à toute une population sur le territoire pyrénéen

Louis Dollo, le 26 juin 2016

- La Région proposerait le lâcher de deux ourses en Béarn

La Région travaille sur une «feuille de route» pour le prochain plan ours.

1er juillet, le comité de massif devra enfin rendre son avis sur le prochain plan ours. Si cet avis est consultatif, il sera déterminant quant à la mise en place d’un plan ours avec d’éventuelles réintroductions. Selon nos informations, la Région serait prête à soutenir la réintroduction de deux ourses en Béarn pour sauver le noyau occidental. Ce dernier se limite à la présence de deux mâles, Néré et Cannellito.

On se souvient qu’en 2004, après la mort de Cannelle, l’État avait prévu le lâcher de deux femelles en Béarn. C’est sur cette base que la Région, «à la demande du gouvernement» prépare une «feuille de route sur le prochain plan ours». Sur ce «sujet sensible», la Région ne compte communiquer que le 1er juillet.

Du côté d’Europe-Ecologie Les Verts, alliés du Parti socialiste à la Région, «on ne peut pas être à l’écart de ce programme qui fonctionne bien dans les Pyrénées centrales. On peut renforcer la population d’ours sans contraintes supplémentaires pour les éleveurs» estime Jean-François Blanco (1), élu des Verts à la Région.

Pour rappel, deux réintroductions ont déjà eu lieu, l’une en 1996 et la dernière en 2006. Celle-ci faisait suite à la forte émotion causée par la mort de la «dernière ourse de souche pyrénéenne», Cannelle. Mais cette réintroduction s’était faite dans des conditions telles que les oppositions se sont exacerbées entre pro et anti-ours.

- Les scénari possibles

À tel point que tous les gouvernements, de droite comme de gauche, qui ont suivi, ont toujours botté en touche. Le dernier plan ours s’est achevé le 31 décembre 2009 et aucun plan relais n’a vu le jour depuis.

Malgré les injonctions de l’Europe et les pressions des associations environnementales, il a toujours été urgent de reporter à plus tard un avis sur le plan ours. Le 1er juillet, le comité de massif, qui réunit tous les acteurs et toutes les collectivités du massif, devrait enfin se prononcer sur au moins trois scénarii. Le moins probable serait de suivre les recommandations du Muséum d’Histoire naturelle et préconiser la réintroduction d’au moins six ours. Le comité pourrait également cautionner l’introduction d’une ou deux femelles en Béarn pour sauver le noyau occidental. Enfin, le plus probable, serait de laisser le noyau central poursuivre son développement sans autre intervention.

De son côté l’Espagne a lâché un ours dernièrement en Catalogne pour améliorer la diversité génétique d’une population dominée par le vieux mâle Pyros. Une chose est certaine. En Béarn, le dossier est suivi très attentivement. Et on peut penser que la mobilisation contre d’éventuelles réintroductions reprendra de plus belle dans nos vallées qui peu à peu s’habituent à l’absence de l’ours.

Auteur: L.V.
Source: La République des Pyrénées du 18 juin 2016

(1) Jean-François Blanco est l'avocat des Verts et associations écologistes. Il a été nommé à l'IPHB par le Conseil Régional